lundi 11 mai 2009

Publicité 2

Mon idole de toujours, Jean-Pierre Pernaut-Ricard, le dit bien : on gâche l'argent public. La preuve, à Plougastel-sur-Tancredière ils ont acheté un jeu de dames pour la salle commune alors que tout le monde préfèrait le bridge.

Par là où j'habite, on a le bonheur de voir une magnifique campagne de pub "d'utilité publique". Pour rappeler qu'il vaut mieux se promener en fumant sa clope car c'est meilleur pour le coeur? Non. Faire la promotion de l'armée de terre en vantant le climat en Afghanistan? Non. Pour que tout le monde garde à l'esprit que boire ou conduire, il faut choisir sauf si c'est du vin du pays? Toujours pas.

Il s'agit d'une campagne contre le racisme. Oui, je sais, c'est important de garder à l'esprit que le racisme c'est mal. D'ailleurs, ont été faits d'excellents clips, informatifs, amusants ou surprenants. Sauf que là :


Navrant.

Ca n'a aucun sens. Je vois plusieurs choses qui font que cette campagne est absolument inepte. La première, et la plus flagrante : est-ce que vous connaissez un groupuscule plus intolérant que les enfants? Ou la moindre différence est pointée du doigt? J'ai vu un gamin de 7 ans se faire railler par ses camarades de classe parce que les invitations de son goûter d'anniversaire étaient faites à la main et non imprimées. Véridique. J'ai aussi vu un gosse être ridiculisé parce qu'il avait un T-Shirt qui n'était pas au goût des autres. Bon là pour le coup j'ai félicité les autres, parce qu'un truc marron clair avec un singe violet et vert dessiné dessus, c'était vraiment moche. Enfin bref. Les enfants sont intolérants et cruels, c'est un fait.

Second point. Partons du postulat assez raisonnable qu'un adulte est plus intelligent, ou expérimenté qu'un enfant. Oui je sais, on connait tous un morveux plus vif que certains adultes, mais prenez votre propre exemple. Je suis sûr que vous racontez moins d'ânerie que dans vos jeunes années (1). Ca voudrait dire qu'en avançant dans la vie, en gagnant en sagesse, on devient raciste. Paraphrase du slogan : "Ayez 8 ans d'age mental, si vous raisonnez plus intelligemment vous deviendrez racistes". Bravo, bien joué.

(1) flatter le lecteur est un bon moyen de garder son lectorat.

Enfin, et c'est peut être le pire, où est l'information? Est-ce que ça casse un préjugé? Est-ce que ça donne à réfléchir? Est-ce que Jean-Marie va se dire en voyant cette affiche "Ah oui c'est vrai, j'abuse, je rigolais bien avec Kader quand on jouait au pogrom avec les voisins"? Ca ne va rien changer pour le quidam et va complètement glisser sur le raciste invertébré.

Moi, ce que j'en dis "Pour lutter contre les publicitaires qui font des campagnes merdeuses avec vos impôts, gardez bien l'adresse de l'armurie Charclard et fils, 12 rue du quai". Non allez, je rigole. Jetez des cailloux, ça suffit.

lundi 6 avril 2009

Société 4

Je rentrais d'une séance de cri primal quand, au détour d'une ruelle, je suis tombé une fois de plus bouche bée d'admiration devant l'incroyable talent que déploient les coiffeuses (même au masculin, on dit coiffeuse, va comprendre) pour trouver le nom de leur échoppes.


Là, en l'occurence, il s'agit d'une école, j'imagine qu'ils ont donc un cours spécial consacré à ce qu'il faut marquer sur la banderole. En fait, le cours est simple, on peut le résumer une phrase : "n'importe quel jeu de mots indigne de l'almanach Vermot qui ait un rapport avec les cheveux". J'en veux pour preuve cette liste que j'ai scandaleusement subtilisée à cet endroit :

Crea’Tif
, Atmosp’Hair, Diminu’Tif, Cap’Tif, Infini’Tif, Evolu’Tif, Capill’Hair.

Bon, certains ont un rapport avec la capilliculture, je vous l'accorde. Mais Cap'Tif? Ca veut dire qu'on vous y coiffe comme un bagnard?

Franchement, le problème est que ces noms ne renseignent pas sur la spécialité du lieu. Prenez les restaurants : on trouve le Paradis du Fruit, ou le Roi de la Moule. Selon que vous ayez une envie d'abricots juteux ou de... je euh m'égare il me semble.

Alors, pour donner un nouveau coup de fouet à la créativité de nos chères têtes blondes (peroxydées), je propose une méthodologie alternative : "Trouvez un jeu de mot foireux qui renseigne sur votre activité". En vrac :

D'hair hier : pour les coiffeurs des années 80.
Sphinct'hair : pour ceux qui sortent de l'ENA.
Hair Fur Hair : pour les nostalgiques des pastilles Vichy.
Tif'oïde : pour ceux qui vont bientôt partir dans un pays du tiers monde.
Jean Pi'hair : pour les coiffeurs qui ne s'appellent pas Nadine.
Lucif'hair : des coiffures d'enf'hair.
Administra'tif : pour les coiffeurs qui aiment la grève et ferment à 15H30.
Pallia'tif : la dernière coiffure de votre vie!

Hrmpf.

De rien, c'est gratuit.

samedi 7 mars 2009

En passant 1

Oui, j'ai décidé de faire aussi des micros posts en passant.

Et là je dois dire que je viens d'entendre l'un des trucs les plus stupides que j'ai entendu depuis... le journal de Jean Pierre Porno de ce midi.

Reportage au JT de France 2 sur les pirates.

On montre un jeune bandit qui télécharge des épisodes de Docteur House. (personnellement je vois pas tellement la différence entre télécharger une série TV et l'enregistrer sur magnétoscope ou directement sur son dur, mais enfin passons).

"Les DVD c'est trop cher. Je connais pas le prix, mais ça doit être trop cher parce que j'en achète pas".

Encore un reportage très informatif sur le piratage. Merci les gars. Grâce à vous les gens qui n'y connaissent rien n'y connaissent toujours rien, mais en plus ils ont un avis tranché sur la question.

mardi 24 février 2009

Société 3

Dans la jungle urbaine, il n'est pas facile de se ravitailler. Heureusement qu'il y existe des oasis (1) de restauration rapide à distance régulière les unes des autres, je parle bien évidemment des chaines de fast-food que sont Quick et McDonald's. Respectivement "Nous, c'est le goût" et "I'm loving it", j'aurai plus tendance à dire "nous c'est quand y'a trop de monde en face" et "I have the flemme". Non, cher lecteur, je ne vais pas faire une longue diatribe sur la mal-bouffe. Je plaide coupable, j'adore le Giant, et il m'est difficile de ne pas saliver devant un McChicken.

Cependant une observation sommaire de ces endroits permet de se rendre compte qu'encore plus que les mauvaises graisses, c'est l'incivisme qui y règne en maître. La première chose qui frappe le vieux briscard que je suis, c'est la technique ancestrale du Crabe Louvoyant, aussi appelée "je fais la queue sur deux files avec ma copine". Pas tant la perte de temps occasionnée puisqu'au final il aurait bien fallu qu'ils passent, c'est surtout la mesquinerie de ce comportement qui m'énerve. Puis quoi de plus frustrant que de voir un jeune Kévin rejoindre sa Jennifer, alors vous êtiez psychologiquement préparé à être le suivant.

Oui je vous l'accorde, il y a pire comme traumatisme. Vous avez entendu le dernier album de Franck Mickaël? Bon.

Une fois servi, votre spécial Accident Vasculaire Cérébral et Infarctus du Myocarde bien chaud vous cherchez une place. A moins que vous n'arriviez à manger debout à une seule main, mais je vous le déconseille. C'est très risqué, la dernière fois que j'ai essayé d'ouvrir un sachet de pseudo- mayonnaise debout en tenant mon plateau, le résultat fut presque pornographique. Donc vous parcourez du regard la salle, et notez bien. Durant les heures de pointes, on note deux grandes familles de comportements.

Dans un premier temps, le classique "je suis seul et j'occupe une table de quatre personnes". Ce genre de gars là aime bien regarder bêtement ceux qui piétinnent en mâchant sa pitance de manière bovine. Peut-être un ultime hommage à l'animal qui a fini sa vie en portions de 80 grammes? Va savoir. Dans la même catégorie, faîtes comme si je n'étais pas là, il y a ceux qui ont pris un petit Soda, terminé depuis 50 minutes et qui papotent comme au café. Je sais qu'ils ont le droit, mais planté et affamé, qui n'a jamais eu envie de leur offrir leur gauche? Dans les dents, s'entend. N'oublions pas les plus perfides et probablement crétins : ceux qui réservent une table de six personnes pendant vingt minutes pendant que leurs amis font la queue. Non seulement ils occupent l'espace pour rien, puisque ne mangent pas, mais en plus (et c'est pire) je laisse souvent refroidir mes frites à cause de ces indélicats.

L'autre grande famille de mal-éduqués de la finger food, c'est bien entendu ceux qui laissent leur plateau en place alors qu'il y a une poubelle tout les trois mètres. Je m'emporte mais je suis sûr que c'est en fait un acte citoyen. Tu salis mon organisme, je salis ton restaurant. Je suis pas certain de l'issue du combat. En plus ils se privent d'un grand moment : la poubelle qui dit merci. Et c'est pas souvent qu'on voit des objets qui parlent pour 8,50€, repas compris.

Dans un sens, je ne leur jette pas vraiment la pierre à ces nombrilistes. Non. Le plus gros incivique dans l'histoire c'est probablement le gérant du restaurant. Aujourd'hui j'ai patienté 25 minutes pour avoir ma dose de cholestérol. C'est scandaleux pour de la soit-disant restauration rapide. Et c'est quasi systématique. Idem pour la poubelle, pleine à craquer. En vidant le plateau, tout s'est renversé à cause du trop plein. Qui a dit métaphore vomitique de la digestion après McDo? Pas moi, j'y retournais quand même.

Ceci dit, avouez quand même qu'un restaurant qui vous offre la dose quotidienne de calories à moins de dix Euros, c'est sympa. Sisi. Un Quick'n Toast, une grande frite, un grand Coca et une glace ça fait exactement 1623 calories. Si vous survivez à la faim 22 heures par jour, c'est jouable...

Et pour une fois, je concluerai sur un sourire : j'ai gagné mon premier abonné. Ca a fait tout chaud, là, dans ce truc bleu et froid qui me sert de coeur... ^_^

(1) On trouve bien du Banga à la montagne, je vois pas pourquoi il n'y aurait pas d'Oasis dans la jungle.

samedi 14 février 2009

Culture 1

Je venais de finir le dernier tome d'un bon comic américain d'une série d'ouvrages très bien rédigée quand je me suis dit que l'art d'écrire se perdait. Attention, quand je dis écrire je ne parle pas du talent qu'ont nos intellectuels(1) pour nous raconter des histoires, je parle juste d'écrire en français.

"Ouais Eulb vas-y t'es réac, passpass le oinj"

Non. Notre langue est en train de décader (2), jeune forban, ne le vois-tu pas? Le collectif de professeurs "Sauvez les lettres" a eu l'idée de faire passer à plus d'un millier d'élèves de seconde une dictée du brevet de 1976. Certes ce n'est pas une année fantastique, j'ai ouvert avant-hier une boîte de Frankfurter Würstchen de 76 et elles étaient dégueulasses. Mais il n'empêche que deux tiers des élèves ont eu zéro à cet exercice, en utilisant un système de notation traditionnel. J'ai toujours été surpris de voir à quel point les personnes âgées avaient une orthographe irréprochable alors que bien souvent elles n'allaient guère plus loin que le brevet des collèges. Comparativement à certains titulaires d'une licence actuelle, ça laisse songeur quant à qui a fait des études.


L'orthographe, c'est comme le contorsionnisme, il faut commencer tout petit. A l'école, mais je pense aussi que les lectures jouent un rôle important dans l'apprentissage du bien-écrire. Mais qu'est ce qui fait fureur (comme la petite moustache dans les années trente) auprès des enfants en ce moment? Titeuf. Les mots me manquent pour exprimer le dégoût que m'inspire l'œuvre de Zep, symptomatique du nivellement par le bas actuel. On a eu les bandes-dessinées, que je n'ai pas eu le loisir de lire, mais pour vous faire une idée, lisez cette page de critiques en ligne. Je m'excuse auprès de ceux dont les yeux saignent. On a subi le dessin animé. Scénario A : Titeuf fait une bêtise, ment pour s'en tirer, et fini puni. Scénario B : Titeuf fait un truc navrant pour plaire à Nadia, celle-ci tombe dans le panneau et s'intéresse au héros en bonne girouette, et fini par lui mettre une baffe en s'apercevant de la supercherie. Scénario C : il y 'a "Des chiffres et des lettres" sur France 2.


Ils ont osé sortir les livres. J'en ai feuilleté un malgré moi, quelqu'un l'avait habilement dissimulé parmi les meilleurs Pierre Bellemare chez le libraire. On trouve souvent les même titres que pour les bandes-dessinées. En vrac "Tous des pourris du slip", "Le guide du zizi sexuel" et "Po croyab". La grande particularité de Titeuf est son talent pour les barbarismes, et ceci a été réécrit dans les bouquins. Noir sur blanc, il y a dans chaque chapitre des mots sciemment déformés. Sérieusement, comment voulez-vous qu'un gamin de 7 ans fasse la part des choses entre "l'humour" de Zep et les mots bien écrits? Une chose est sûre, lire "sikologue", "momosexuel", "ouestern", "niou iourque" et "hypergigamortel" n'a jamais aidé. Cautionner les moqueries (une camarade aux grandes oreilles est surnommée "Dumbo" même par la maîtresse) est aussi un des nombreux autres aspects de ce qui m'exaspère dans cette fresque finement inspirée. Mais je m'égare.

Certains brandissent l'aspect éducatif, et le fait que Titeuf aborde des sujets compliqués. Tout est tellement noyé dans un flot de scatologie que je doute que ça apporte grand'chose à quiconque.

Pour le bien de vos enfants, n'achetez pas Titeuf. Achetez des "Le petit Spirou", qui en plus peuvent être lus à plusieurs niveaux, donc agréable pour les petits comme pour les grands, tout en étant largement mieux dessinés. Ou alors un stérilet, à vous de voir.

(1) Lol.

(2) Je lutte activement contre l'appauvrissement de notre vocabulaire en créant des néologismes. Toi aussi époustoufle tes amis!